top of page

Impact de la crise sanitaire : des dépistages et des prises en charge de cancers retardés


Des scientifiques français ont publié, cet été, dans le Bulletin épidémiologique hebdomadaire (BEH) les résultats de la crise sanitaire liée au Covid 19, sur l’incidence des cancers.


Après avoir comparé les données hospitalières d’avant la pandémie (2018 et 2019) à celles de de 2020 à 2021, extraites du Système national des données de santé, concernant le nombre de personnes hospitalisées pour un nouveau cancer, les scientifiques ont démontré "un déficit manifeste du nombre de patients hospitalisés pour un nouveau cancer au moment du premier confinement, entre les mois de mars à mai 2020… Les cancers bénéficiant d’un dépistage organisé ou d’un report de chirurgie possible étaient plus impactés que les cancers de mauvais pronostic, tels que les cancers du foie ou du pancréas."

Cette étude montrait qu'un cancer sur 20 en 2020 et 1 sur 100 en 2021 auraient eu un retard de prise en charge préjudiciable. "Les cancers bénéficiant d’un dépistage organisé ou d’un possible report de chirurgie étaient plus impactés que les cancers nécessitant une prise en charge rapide pour préserver leur pronostic."

Force est de constater que ce déficit du nombre de patients hospitalisés pour un nouveau cancer durant les années Covid, n’est pas réservé à telle ou telle région, mais est bel et bien national et concerne aussi bien l’Hexagone que l’Outre-mer.

Néanmoins, les auteurs de cette étude estiment qu’il est nécessaire de compléter ces données avec "des données observées d’incidence des registres de cancer, qui seront disponibles courant 2023 pour les diagnostics réalisés en 2020."

Ceci vient corroborer les données présentées précocement, dès septembre 2020, par les équipes de Gustave Roussy au congrès Européen de Cancérologie de l’ESMO. Sur la base de modèles mathématiques les simulations portant sur les données de la première vague COVID montrait notamment "que l’inquiétude des patients quant à la contamination et leur venue plus tardive dans les centres de soins pour recevoir leurs traitements et les retards au diagnostic pourrait se traduire par une augmentation de la mortalité par cancer entre 2 et 5 % à 5 ans."

Une étude américaine, publiée en août dans Lancet Oncol, vient corréler les dires des experts français.

Aux Etats-Unis, à l’aide de données d’un registre national du cancer récemment publié, ils ont observé des "changements dans les diagnostics de cancer et distribution par étapes au cours de la première année de la pandémie de COVID-19 par type de cancer et facteurs sociodémographiques clés aux États-Unis."

Autant de résultats qui pourraient amener les pouvoirs publics français et américains à réfléchir, en cas de nouvelle crise sanitaire, à l’accès aux soins pour les populations qui ont dû renoncer, en 2020 et 2021 à des contrôles de routine ou à des dépistages, au péril de leurs vies.



Rédaction : Karin Tourmente-Leroux



bottom of page